Ecrit pour Le Lierre et La Vigne

La création de soi est l’axe de toute création artistique.

Le jeu créatif est intimement lié au corps. L’avènement d’une œuvre s’engendre et se fonde sur ce qu’il en est de plus archaïque, de plus sensoriel, sensuel, corporel. A travers la création, je sais bien que c’est mon désir que je questionne.

Je crois que l’on joue parce que l’on se doit de créer un monde dans lequel on puisse vivre. Peut-être, à cet égard, ne sommes nous que des masques. Toujours est-il que je ne pouvais vivre dans aucun des mondes que l’on me proposait : le monde social de mes parents, le monde politique et économique, le monde des apparences de la mode et de la photo. J’avais l’impression d’être un mirage, de vivre en creux.
J’ai dû créer un monde à moi, comme un climat, une atmosphère que je puisse respirer, où régner, baiser et me recréer lorsque je devais plisser les paupières pour m’apercevoir. Sur scène, je matérialise, j’incarne mon monde intérieur. Finalement c’est bien dans ce lieu de mise en scène que je suis le plus vrai. Et puis, j’aspire à y attirer d’autres personnes, leur faire partager cette vision particulière où je les veux acteurs plutôt que spectateurs.

A bien y réfléchir, je joue pour aviver ma perception de la vie, j’ai envie d’écrire pour charmer, questionner, consoler. Je veux écrire des pièces pour gouter la vie au moins deux fois, sur le moment et après coup quand je monte sur scène.

Je crée pour m’apprendre à parler avec les autres, pour consigner le voyage à travers mon labyrinthe personnel. J’ai un besoin vital de jouer pour élargir mon univers, lorsque je me sens étranglé, seul ou trop plein d’énergie.

Alors oui, je veux créer comme les peuples primitifs dansent leurs rituels.